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19 jan. 2024, Liège : La somme des parties ? (Dé)faire et (re)penser collections et compilations entre Moyen Âge et Première Modernité

Les 6 et 7 mai 2024 se tiendra, à l’université de Liège, la septième édition des journées doctorales internationales de l’unité de recherches Transitions. Organisé en partenariat avec le Centre for Medieval and Renaissance Studies (CeMaRS, Ruhr-Universität Bochum) et l’Institut d’histoire de la Réformation (IHR, Université de Genève), ce colloque aura pour thème les pratiques de collection et de compilation. Les bornes chronologiques prescrites pour le présent appel sont celles explorées par Transitions (Moyen Âge et Première Modernité).

Réunir et rassembler des éléments isolés constituent des pratiques qui ont traversé les périodes médiévale et moderne. On pense assez spontanément aux trésors d’objets précieux, aux galeries de gravures, de peintures et d’antiquités, aux cabinets de curiosités, aux bibliothèques, voire au remploi d’éléments architecturaux anciens. Citons également les recueils de lettres ou de documents officiels, les anthologies d’œuvres musicales, les florilèges de textes littéraires ou historiques, les recueils de lieux communs, mais aussi des regroupements textuels typologiquement plus divers, comme certains manuscrits composites ou recueils factices. Enfin, diverses pratiques de compilation s’observent dans toutes sortes de productions écrites, allant de la citation occasionnelle au discours intégralement construit sur la base d’extraits empruntés.

La collection ou la compilation est considérée par la recherche actuelle comme une production motivée et organisée, qui résulte de stratégies de consultation, de sélection et de réorganisation des pièces la composant. Tout matériau brut extrait de son contexte de création initial pour l’insérer dans un environnement inédit, au contact d’autres éléments isolés, acquiert dès lors un sens nouveau. La collection ou la compilation ainsi créée ne se confond pas avec ses composantes : elle constitue une production créative et originale qui doit être appréhendée dans son ensemble.

Alors que les collections et les compilations répondent en grande partie à des procédés et des stratégies de constitution comparables voire similaires, elles demeurent souvent étudiées séparément, selon le type de matériau rassemblé. Ces journées doctorales proposent de dépasser ces clivages afin d’interroger ces pratiques dans une perspective comparative et pluridisciplinaire. Il s’agira d’approfondir les approches méthodologiques autour des trois axes suivants.

Appréhender l’ensemble
Dans la mesure où l’acte de compiler ou de collectionner engendre une entité nouvelle, il représente en soi une activité créatrice. Le rassemblement de pièces, matérielles ou textuelles, constitue dès lors une production originale qui peut être appréhendée comme une œuvre à part entière. Celle-ci témoigne d’un programme dont la cohérence est fonction des motivations de son créateur. Parfois explicité (titre, préface, description des items rassemblés…), ce programme transparaît généralement à travers les modalités de la sélection et de l’ordonnancement des pièces, voire de leur réécriture ou reconfiguration.

Par ailleurs, la collection ne peut être appréhendée et interrogée en tant qu’œuvre sans prendre en considération l’individu ou le groupe qui a réuni les items. Quel est son statut ? Peut-on le qualifier d’auteur, d’artiste ou de compositeur au même titre que ceux qui ont produit la matière collectionnée ? Quel est son rapport aux sources ? Comment se les approprie-t-il ? Dans quelle mesure l’initiateur d’une collection en est-il le véritable créateur ?

Les étapes de la production
Une collection ou une compilation est le résultat de plusieurs étapes : l’accès au matériau brut, sa consultation, sa sélection, sa (ré)organisation et sa reproduction éventuelle. On peut tout d’abord interroger les modalités par lesquelles le collectionneur ou le compilateur y accède. Se fonde-t-il sur un ensemble déjà établi ? Quels types d’éléments sont pris en considération et selon quels critères (esthétiques, thématiques, chronologiques...) ? S’avèrent-ils typologiquement homogènes ?

Une fois sorties de leur contexte de départ, les pièces sont intégrées dans un nouvel environnement, ce qui soulève la question de leurs principes d’organisation et, en cas de reproduction, celle de la fidélité au modèle. La collection ou la compilation reste-t-elle figée au cours de sa transmission ou évolue-t-elle ? Dans ce dernier cas, comment cette transformation influence-t-elle sa réception ?

Enfin, quel sort subissent les éléments non intégrés ? La constitution d’une collection peut effectivement mener à l’atomisation d’un savoir et aboutir (volontairement ou non) à la destruction ou à l’oubli de tout ce qui n’est pas pris en compte.

Le retour aux parties
Le retour aux parties s’impose souvent, notamment lorsque les collections et compilations en constituent les seules voies de transmission. Nombre de projets éditoriaux ont eu tendance à ne pas tenir compte de l’organisation interne propre aux collections documentaires et ont imposé un ordre neuf à leurs items. L’édition peut ainsi participer à la création d’une nouvelle entité, qui brouille ou dissimule la tradition des documents parvenus jusqu’à nous.

Dans l’interprétation qu’il en livre, le chercheur ne peut faire abstraction du filtre appliqué par la collection ou la compilation. Ce troisième axe propose d’interroger les impasses et les possibilités générées par l’ensemble en vue de l’analyse de ses composantes : la collection est-elle une aubaine ou un obstacle pour le chercheur ?

Modalités pratiques
Les communications (max. 20 minutes) seront prononcées en français ou en anglais.

Les propositions sont attendues pour le vendredi 19 janvier 2024 au plus tard,

sous la forme d’un document PDF adressé par courriel à jd.transitions chez uliege.be.

Ce dossier comprendra les coordonnées (nom, prénom, Université) du/de la doctorant·e, le titre de sa thèse, l’intitulé de sa communication et un résumé de celle-ci de max. 300 mots en français ou en anglais. Les candidat·e·s seront informé·e·s des résultats de la sélection au plus tard le 16 février.

Une attestation de participation sera délivrée sur demande au terme de ces journées d’études.

Les repas de midi et les pauses café des deux journées seront offerts. Les frais relatifs au transport ou au logement pourront éventuellement être remboursés à hauteur de 100 euros par personne.

Comité organisateur
Aurélien Bourgaux, Université de Liège
Émilie Corswarem, Université de Liège
Mathilde Kaisin, Université de Liège
Valérie Leyh, Université de Namur
Romane Massart, Université de Liège
Lionel Mira, Université de Liège
Sandra Otte, Université de Liège
André Rocco, Université de Liège
Matthias Rozein, Université de Liège
Emile Thonar, Université de Liège
Comité scientifique
Aurélien Bourgaux, Université de Liège
Émilie Corswarem, Université de Liège
Élise Franssen, Université de Liège
Mathilde Kaisin, Université de Liège
Stephan Köhli, Ruhr-Universität Bochum
Valérie Leyh, Université de Namur
Romane Massart, Université de Liège
Christophe Masson, Université de Liège
Lionel Mira, Université de Liège
Sandra Otte, Université de Liège
André Rocco, Université de Liège
Matthias Rozein, Université de Liège
Emile Thonar, Université de Liège

À propos de Transitions
L’Unité de recherches (UR) Transitions de l’Université de Liège a pour vocation de questionner les dynamiques qui ont marqué le Moyen Âge et la Première Modernité. De nombreux projets portés par ses membres encouragent la confrontation des pratiques de recherche selon une perspective interdisciplinaire, de même que le développement d’un réseau de collaborations à l’échelle nationale et internationale.

Les journées doctorales interuniversitaires de l’UR se tiennent tous les deux ans et sont ouvertes à des doctorant·e·s d’universités belges et étrangères, issu·e·s d’horizons de recherche variés tels que la philologie, la littérature, la linguistique, l’histoire, l’histoire de l’art ou la musicologie. Conçues comme un moment d’échanges autour d’une thématique commune, elles offrent aux jeunes chercheurs·euses la possibilité de partager leurs projets, mais aussi de confronter leurs méthodologies respectives avec celles de leurs pairs ou de collègues plus expérimenté·e·s.