Les honneurs de la cour d’Eléonore de Poitiers
Jacques Paviot
Comment citer cet article :
Jacques Paviot, "Les honneurs de la cour d’Eléonore de Poitiers", dans Geneviève et Philippe Contamine (dir.), Autour de Marguerite d’Ecosse. Reines, princesses et dames du XVe siècle, Paris, Champion, 1999. Article édité en ligne sur Cour de France.fr le 4 avril 2009 (https://cour-de-france.fr/article961.html).
Je ne pense pas être le seul à aimer flâner à travers les pages d’un dictionnaire encyclopédique. Rien de tel pour y faire des trouvailles, des découvertes, des rencontres. C’est ainsi qu’un jour je fis la connaissance d’Eléonore de Poitiers dans le Grand Larousse encyclopédique. Si elle n’a pas droit à sa propre notice, on peut trouver sa mention dans celle d’Isabelle de Portugal, troisième épouse du duc de Bourgogne Philippe le Bon et mère de Charles le Téméraire. On y lit notamment à propos de la duchesse : « Soucieuse de l’étiquette, elle inspira à Aliénor de Poitiers, le livre les Honneurs de la Cour [1] ». Cette remarque est à moitié erronée, mais indique bien que l’on a longtemps cru que c’était la duchesse Isabelle qui avait introduit l’étiquette à la cour de Bourgogne [2] qui fut ensuite transmise à la cour des Habsbourg.
Mais qui était Eléonore de Poitiers ? Tous ceux qui se sont occupés des Honneurs de la cour, à commencer par les érudits bisontins Chifflet au début du XVIIe siècle, l’ont appelée Aliénor, reprenant une forme ancienne du prénom qui était d’ailleurs tombée en désuétude à l’époque où vivait notre auteur, qui s’appelait elle-même Eléonore. Eléonore de Poitiers est l’un des neuf enfants, six garçons et trois filles, issus du mariage de Jean de Poitiers et d’Isabelle de Sousa. Jean de Poitiers, de la famille des comtes de Valentinois, seigneur d’Arcis-sur-Aube en Champagne [3], entré au service du duc de Bourgogne Philippe le Bon, épousa Isabelle de Sousa, descendante d’une branche bâtarde de la maison royale de Portugal [4] et dame de compagnie (p. 164) de la nouvelle duchesse de Bourgogne Isabelle de Portugal, à Bruges, le 9 juin 1431 [5].
Eléonore a dû naître entre les années 1444 et 1446, puisqu’elle indique qu’elle avait sept ans lorsqu’elle alla à la cour, entre fin 1450 et mi-1453 d’après les informations données dans les Honneurs de la cour. En 1458, entre douze et quatorze ans, elle devint demoiselle d’honneur d’Isabelle de Bourbon, comtesse de Charolais, épouse du futur Charles le Téméraire [6]. A l’automne 1462, entre seize et dix-huit ans, elle épousa le Flamand Guillaume de Stavele, vicomte de Furnes. À cette occasion, le duc leur fit un don de huit cents livres ou mille francs [7]. Guillaume de Stavele mourut rapidement, le 20 novembre 1469, après avoir eu trois enfants de sa femme : un garçon, Guillaume (1465-1474), et deux filles Adrienne (1467-1525) et Antoine (1469- ap. 1494) [8]. Veuve entre vingt-trois et vingt-cinq ans, Eléonore de Poitiers ne se remaria jamais.
Eléonore de Poitiers, dame de Stavele, a dû entrer au service de Marie de Bourgogne après la mort d’Isabelle de Bourbon survenue le 26 septembre 1465. Marie a été duchesse du 5 janvier 1477 jusqu’à son décès accidentel le 27 mars 1482. Durant la période qui suivit, Eléonore de Poitiers résida sans doute à Furnes, puisqu’il n’y avait plus de duchesse de Bourgogne en titre (elle ne semble pas avoir été liée avec la duchesse douairière Marguerite d’York, troisième épouse de Charles le Téméraire, qui ne décéda qu’en 1503). Elle a dû donc retourner à la cour à l’occasion du mariage, à Lierre, le 20 octobre 1496, de Philippe le Beau, fils de Maximilien d’Autriche et de Marie de Bourgogne, et de Jeanne de Castille. En effet, Eléonore de Poitiers devint dame d’honneur de la princesse. Elle mourut, le 14 mars 1509, âgée d’entre soixante-trois et soixante-cinq ans, et fut enterrée dans (p. 165) l’église paroissiale de Stavele, aux côtés de son mari. Leur épitaphe pouvait se lire ainsi : « Cy gist monseigneur Guillaume de Staveles, visconte de Furnes, seigneur de Pottes, d’Ottignies et de Crombecque, conseiller et chambellan de monseigneur le duc de Bourgoigne, etc., qui fina ses jours l’an mil quattre cens soixante neuf, le XXe jour de novembre. Cy gist madame Eleonore de Poictiers, en son vivant espousee dudict visconte, dame d’honneur de la royne de Castille et dame dessudicte (sic) lieux et de Relangues, qui trespassa l’an mil VC et huict le XIVe jour de mars. Priez Dieu pour leur âme [9] ».
Eléonore de Poitiers est passée à la postérité grâce aux Honneurs de la cour, qui ont été composés, d’après les renseignements internes, entre juillet 1484 et août 1487, soit une quinzaine d’années après la mort de la duchesse Isabelle de Portugal. Pourtant les Honneurs de la cour, tels qu’ils nous sont parvenus, ne manquent pas de poser des problèmes de critique philologique. En effet, le manuscrit original n’a pas été conservé et, d’après les spécialistes, la langue n’est pas celle de la fin du XVe siècle [10]. D’autre part, rien ne permet de mettre en doute la matière même du traité. D’après les deux copies manuscrites que nous possédons aujourd’hui, nous pouvons en déduire ce qui suit.
Le traité d’Eléonore de Poitiers fut découvert dans la bibliothèque de l’Escurial, dans la première moitié du XVIIe siècle, sans doute par Jean-Jacques Chifflet (1588-1660), médecin du roi d’Espagne, mais aussi « antiquaire », ainsi que l’on disait à l’époque. Il en fit lui-même ou en fit faire une copie, qui est à la source de celles que nous connaissons. Il est aussi sans doute responsable de la courte introduction qui présente l’auteur et son texte, et des annotations historiques que l’on trouve en marge et de la table des noms. En effet, dans l’identification d’un homme cité, il ne manque jamais d’indiquer s’il était chevalier de la Toison d’or. Or Jean-Jacques Chifflet a écrit un ouvrage sur les armes des chevaliers de cet ordre, Insignia gentilitia equitum ordinis Velleris aurei, publié à Anvers, en 1632. Il est aussi sans doute responsable du titre sous lequel sont connus les souvenirs d’Eléonore de Poitiers dans leur version manuscrite, les Honneurs de la cour ; pourtant la première version imprimée [11] porte Ceremonial de la cour de Bourgogne. Le manuscrit de Jean-Jacques Chifflet passa à une demoiselle de « Bauvais », dont une copie a été imprimée par La (p. 166) Curne de Sainte-Palaye en 1759 [12], et se trouve aujourd’hui à la Bibliothèque nationale de France [13]. Auparavant, avaient été faites une copie, peut-être par son fils Jules, qui l’a glissée dans ses dossiers intitulés Pièces historiques et cérémoniales, conservés à la bibliothèque municipale de Besançon [14]. Cette copie a été imprimée par Dunod de Charnage en 1740. Nous préparons nous-même, pour la Société de l’histoire de France, une nouvelle édition des Honneurs de la cour [15].
La copie se trouvant à Besançon représente le dernier état de présentation du texte d’Eléonore de Poitiers, car Jules Chifflet, sans doute, a introduit des titres de chapitre de manière régulière. Le traité se compose de dix-sept chapitres de longueur diverse. Avant de les présenter avec quelque détail, encore un mot sur la forme des Honneurs de la cour. L’introduction présente Eléonore de Poitiers et indique que
"Icelle dame Alienor a bien voulu mettre par escrit ce qu’elle vit et ouyt dire a sa ditte mere durant le temps qu’elles residerent en la ditte cour de Bourgongne, des honneurs qui se doivent faire et entretenir és cours des princes, chacun selon son estat sans les croistre, exceder, ne diminuer ; et qui autrement en veut user, ils pourront plus tourner a derision et tromperie, qu’a honneur et reputation."
Ensuite le texte se compose d’une série de notations et de souvenirs de la vie des cours de France et de Bourgogne s’étendant de 1386 à 1484. C’est alors Eléonore de Poitiers qui parle. On a l’impression qu’elle était interrogée et que l’on n’a gardé que les réponses et non les questions. Mais on ne peut pas dire si elle répondait à un questionnaire, car le traité n’est pas très bien construit. Signalons ausi une grossière erreur qui indique bien que les Honneurs de la cour furent récrits. Quelque part, il est en effet indiqué que « Madame de Charolois n’alloit point a la main de madame de Bourbon, sa mere, elle estant comtesse de Charolois ; mais devenue duchesse de Bourgongne… ». Cette madame de Charolais est Isabelle de Bourbon qui est morte en 1465, avant de pouvoir devenir duchesse de Bourgogne. (P. 167) Jamais Eléonore de Poitiers, qui avait été demoiselle d’honneur de la comtesse de Charolais, n’aurait pu commettre une telle erreur. Malgré ces remarques, rappelons que rien ne permet de mettre en doute la valeur historique des Honneurs de la cour.
Donc Jules Chifflet a finalement divisé le traité d’Eléonore de Poitiers en dix-sept chapitres que l’on peut regrouper en trois grandes parties. La première, des chapitres I à V, concerne la place d’honneur. Là Eléonore de Poitiers prend ses exemples sur un siècle. Les titres donnés par les Chifflet sont les suivants :
I. Des honneurs et courtoisies observées en divers entrevues et occasions entre princes et princesses (suite de souvenirs, sans guère d’ordre, des cours de France et de Bourgogne) ;
II. L’honneur que la royne de France fit à madame la duchesse Isabel quand elle fut a Chaalons en Champagne devers elle (en 1445) ;
III. Suitte des remarques de madame Aliénor (reprise des souvenirs divers) ;
IV. Arrivee de monsieur Louys, dauphin de France a Bruxelles, et comment il y fut receu par les ducs et duchesse de Bourgongne (en 1456) ;
V. Autres entrevues, honneurs et deferences entre princes et princesses.
La deuxième partie est consacrée aux événements marquants de la vie d’une princesse, naissance et baptême d’un enfant, et regroupe les chapitres VI à VIII qui sont ainsi intitulés :
VI. Naissance de mademoiselle Marie de Bourgongne (en 1457 ; il n’y est aucunement question de l’accouchement lui-même, mais de l’ameublement et de la décoration des appartements d’Isabelle de Bourbon) ;
VII. Baptesme de madamoiselle Marie de Bourgongne (en 1457) ;
VIII. Baptesme de monsieur Philippe d’Austriche (en 1478).
La troisième partie réunit des instructions pour les princesses et les femmes nobles de moins haut lignage, à propos de l’accouchement, du baptême, du deuil, de la table, des appellations et diverses autres questions. elle se compose des chapitres suivants :
IX. Comme les comtesses et autres grandes dames doivent gesir ;
X. La chambre des enfants de telles dames pour le jour du baptesme ;
XI. Comment le baptesme des enfants de telles dames ou damoiselles de tel estat se doit faire ; (p. 168)
XII. Comment les fonts et les eglises doivent etre ordonnées pour les enfants de telles dames ;
XIII. Des dames de plus petit estat, pour leur gesine et baptesme de l’enfant ;
XIV. Le deuil que toutes princesses et autres doivent porter pour leurs marys, peres, meres et parents ;
XV. Comment l’on doit couvrir la table d’un prince, ou princesse (remarquons que, malheureusement, Eléonore de Poitiers n’indique pas les places d’honneur) ;
XVI. L’ordre a observer es maisons des princes et seigneurs ;
XVII. L’ordre a observer es maisons de plus bas degré.
Une courte conclusion intime de ne rien changer à tous ces honneurs. Remarquons que, dans les événements de la vie d’une princesse ou d’une noble dame, Eléonore de Poitiers ne parle jamais des fiançailles, ni du mariage.
Le motif de la rencontre de Thouars est la dauphine Marguerite d’Écosse. Ainsi que l’énoncé des titres de chapitres des Honneurs de la cour l’a signalé, la duchesse de Bourgogne Isabelle de Portugal l’a rencontrée à Châlons-sur-Marne, en 1445. Cela s’est passé au milieu de négociations diplomatiques, concernant les infractions à la paix d’Arras, la rançon du roi René et les attaques des corsaires normands contre le commerce flamand [16]. La duchesse de Bourgogne arrivait de Reims, où elle avait déjà discuté de ces matières avec les représentants du roi, au courant des mois d’avril et de mai 1445 [17]. Le roi Charles VII, la reine Marie d’Anjou, le dauphin Louis, la dauphine Marguerite d’Écosse, le roi René de Sicile, la reine de Sicile Isabelle de Lorraine, leur fils Jean, duc de Calabre, sa femme Marie de Bourbon, et toute la cour, venaient, eux, de Nancy.
La cour était arrivée à Châlons à la fin du mois d’avril, et la duchesse de Bourgogne y arriva peu après le 14 mai. À travers les souvenirs de sa mère qui était présente, Eléonore de Poitiers nous a laissé le récit du cérémonial qui fut suivi quand la reine de France reçut la duchesse de Bourgogne et qui vaut d’être cité en entier : (p. 169)
"Madame la duchesse, accompagnée de monsieur de Bourbon son beau nepveu [18], et de plusieurs autres princes de France [19], vint, elle et toute sa compagnie [20] a haquenées et en chariots, tout dedans la cour de l’hostel où le roy et la royne estoient. Et là descendit madame la duchesse, et print sa première damoiselle sa queue ; et monsieur de Bourbon l’addextroit [marchait à sa droite, à la place d’honneur], et tous les autres chevaliers et gentilshommes alloient devant. Et en cet estat vint jusques en la sale devant la chambre où la royne estoit : et là maditte dame s’arresta, et fit entrer monsieur de Crequy, lequel estoit son chevalier d’honneur, pour demander à la royne s’il lui plaisoit que madame la duchesse entrast devers elle pour lui faire la reverence. Et mondit seigneur de Crequy retourné, madame la duchesse marcha jusques à l’huys de la chambre, là où la royne estoit. Touts les chevaliers et gentilshommes qui l’accompagnoient entrerent dedans. Puis, quand maditte dame vint à l’huys, elle print la queue de sa robbe en sa main, et l’osta a celle qui la portoit. Et, quand elle marcha dedans l’huys, elle la laissa trainer, et s’agenouilla bien pres jusques a terre ; et puis, marcha jusques au milieu de la chambre, là où elle fit encore un pareil honneur [se prosterna] ; et puis, recommença a marcher tousjours vers la royne, laquelle etoit toute droitte [debout]. Et là se treuva madame aussi empres le chevet de son lict : et quand madame la duchesse commença à faire le troisieme honneur, la royne demarcha [s’avança de] deux ou trois pas, et madame se mit à genouil. La royne luy mit une de ses mains sur l’espaule et l’embrassa, et la baisa et la fit lever.
Quand maditte dame fut levée, elle se r’agenouilla bien bas, et vint à madame la dauphine, laquelle estoit a quatre ou cincq pieds pres de la royne. Et pareillement, madame [la duchesse] se mit a genouil, et, comme avoit fait la royne, madame la dauphine baisa madame la duchesse. Mais il sembloit, a voir la maniere de madame la dauphine, qu’elle eut voulu garder que madame la duchesse ne se fut pas agenouillée (p. 170) jusques a terre. Mais maditte dame le vouloit faire, comme m’a dit madame ma mere, laquelle a veu toutes ces choses.
De là, madame la duchesse alla saluer la royne de Sicile, laquelle estoit a deux ou trois pieds pres de madame la dauphine. Et a ceste-là madame ne fit point plus d’honneur que l’autre luy en faisoit. Et comme madame ma mere dit, il n’y eust nulle d’elles deux qui rompit ses aiguillettes de force de s’agenouiller.
De là, madame alla saluer madame de Calabre, laquelle estoit fille de monsieur de Bourbon et de la sœur de monsieur le bon duc Philippe ; et estoit a quatre ou cinq pieds pres de la royne de Sicile, sa belle-mere. Et maditte dame de Calabre s’agenouilla presques jusques a terre devant madame. Et madame luy fit plus grand honneur qu’a ses autres niepces, pour ce que monsieur de Calabre son mary estoit fils de roy.
Des dames de madame [la duchesse], la royne baisa madame de Montagu, madame ma mere [Isabelle de Sousa] et madame de Crevecœur [Marie de la Trémoille], et non plus. Et toutes les autres gentifemmes, la royen les print par la main ; et madame la dauphine fit pareillement.
Madame la duchesse baisa toutes les femmes de la royne et de madame la dauphine. Et de celles de la royne de Sicile, madame n’en baisa non plus qu’elle fit des siennes.
Et ne vouloit madame la duchesse pour rien aller aller derriere la royne de Sicile, car elle disoit que monsieur le duc [de Bourgogne] etoit plus pres de la couronne de France que le roy de Sicile n’etoit ; et aussi qu’elle estoit fille du roy de Portugal qui estoit plus grand que le roy de Sicile. Elles [la duchesse de Bourgogne et la reine de Sicile] ne se treuvoient ensemble là où il falloit aller quelque part ; et quand elles estoient en la chambre de la royne, l’une se tenoit d’un costé, et l’autre de l’autre.
Et sembloit que le roy et la royne, et monsieur le dauphin, et madame la dauphine, avoient plus grand desir de faire honneur a madame la duchesse qu’à la royne de Sicile ; et aussi faisoient toutes les princesses du royaume.
Et disoit madame de la Rocheguyon, qui estoit la premiere dame de la royne, qu’elle n’avoit veu venir personne du royaume devers la royne a qui elle fit tant d’honneur qu’à madame la duchesse."
L’animosité de la duchesse de Bourgogne et de la reine de Sicile s’explique facilement par la bataille de Bulgnéville en 1431 où René (p. 171) d’Anjou, roi de Sicile, fut fait prisonnier par les Bourguignons. Le chroniqueur Mathieu d’Escouchy indique d’ailleurs que le roi René, qui se trouvait aussi à Châlons, était favorable à une reprise des hostilités contre le duc de Bourgogne [21], ce que ne pouvait manquer de savoir la duchesse de Bourgogne.
D’autre part, si Eléonore de Poitiers a choisi cet exemple, c’est qu’il lui paraissait important dans sa démonstration. En effet, et nombre d’historiens se sont laissés prendre au piège des origines maternelles d’Eléonore de Poitiers et de celles de la troisième épouse du duc de Bourgogne Philippe le Bon, parce qu’ils ne les ont pas vraiment lus, les Honneurs de la cour n’ont rien à voir avec une étiquette portugaise ou même ibérique. Le cérémonial, celui même que rapporte Eléonore de Poitiers, n’avait de rapport qu’avec la maison royale de France. Elle-même le signale d’ailleurs à deux reprises, sans laisser de doute sur ses intentions : « Maditte dame de Namur [22] (comme plusieurs fois j’ay ouy dire) avoit un grand livre, en quoy estoient escrit tous les estats de France. Et tousjours par son advis, la duchesse Isabel faisoit touchant ces choses, car les estats de Portugal et ceux de France et de par-deça [les Pays-Bas bourguignons] ne sont point tout un. » Nous pouvons fortement regretter la disparition d’un tel livre, qui ne devait pas être unique.
Le centre de référence du cérémonial était la personne du roi de France et le degré de parenté que l’on avait avec lui déterminaient les honneurs que l’on devait respecter. D’autre part, la seconde règle, valable pour les femmes était que « selon les estats de France, il faloit que toutes femmes allassent selon les marys, quelques grandes qu’elles fussent, osté filles de roy ». En voici quelques exemples qui démontrent aussi que l’on ne respectait pas strictement ce cérémonial. Au cours des noces du dauphin Charles, à Bourges, en avril 1422, Jeanne d’Harcourt, comtesse de Namur, à cause du rang de son mari, se trouvait au dernier rang des comtesses. Mais elle était aussi cousine germaine de Charles, aussi celui-ci, pour la seconde moitié du repas, la fit asseoir à la table de Marie d’Anjou, son épouse. A contrario, quand Marie de Clèves, nièce de Philippe le Bon, épousa le duc d’Orléans, à sa libération, en 1440, elle eut droit à plus d’honneur que la duchesse de Bourgogne Isabelle de Portugal, bien que cette dernière fût fille de roi, car le duc d’Orléans était plus proche de la couronne que le duc de Bourgogne. Charles d’Orléans, qui devait sa (p. 172) libération à Philippe le Bon et Isabelle de Portugal, défendit alors à sa nouvelle épouse de passer devant la duchesse de Bourgogne. Mais quand Louis XI fit son entrée à Paris, en 1461, le duc d’Orléans allait devant le duc de Bourgogne.
Il était aussi une autre règle concernant la reine, la dauphine et les filles de France : nulle princesse du royaume n’avait le droit d’aller à leur main, c’est-à-dire sur le même rang. Enfin, pour les filles de France, ainsi qu’il a été dit, leur sang primait toujours sur le rang de leur mari. Dans la maison de Bourgogne, deux comtes de Charolais, les futurs ducs Philippe le Bon et Charles le Téméraire, ont épousé des filles de France. En 1411, Philippe épousa Michèle de France (1395-1422), et le duc Jean sans Peur s’agenouillait toujours jusqu’à terre devant sa belle-fille. En 1439, Caherine de France (1428-1446), fille de Charles VII et de Marie d’Anjou était mariée à Charles, comte de Charolais. Mais, à ce moment-là, le roi défendit qu’elle allât devant sa belle-mère, Isabelle de Portugal, et il prit comme excuse que la duchesse de Bourgogne était aussi fille de roi. Mais la duchesse et le duc de Bourgogne la mettaient toujours devant. Un dernier exemple montre la variété des libertés prises avec le cérémonial. La sœur de Catherine, Jeanne de France (1435-1482) fut mariée à Jean II, duc de Bourbon (1427-1488). Comme fille de France, elle allait devant sa belle-mère Agnès de Bourgogne, mais contrairement aux honneurs de France, elle la prenait par la main.
Revenons au séjour de Châlons-sur-Marne. Le chroniqueur Mathieu d’Escouchy est relativement bien informé sur les négociations en cours. Un futur chroniqueur, Olivier de la Marche, était lui présent à Châlons, dans la suite de la duchesse comme jeune écuyer : il avoit alors seize ans. Il rapporte, à propos des liens entre la reine de France et la duchesse de Bourgogne :
"Et luy fit la royne moult grant honneur et privaulté ; car toutes deux estoient desjà princesses eaigées et hors de bruyt [23]. Et croy bien qu’elles avoyent une mesme douleur et maladie qu’on appelle jalousie, et que maintesfois elles se devisoient de leurs passions secrettement, qui estoit cause de leurs privaultez. Et, à la verité, apparence de raison avoit en leurs soupeçons ; car le roy avoit nouvellement eslevé une povre damoiselle, gentilfemme, nommée Agnès du Soret, et mis en tel triumphe et tel povoir que son estat estoit à comparer aux (p. 173) grandes princesses du royaulme… Et d’aultre part, le duc de Bourgoingne fut de son temps un prince le plus dameres [porté sur les dames] et le plus connoyseulx [galant] que l’on sceut ; et avoit de bastards et de bastardes une moult belle compaignie. Et ainsi la royne et la duchesse se rassembloient souventesfois, pour eulx douloir [se lamenter] et complaindre l’une à l’aultre de leur creve cueur [24]."
Malgré ces témoignages d’amitié entre la reine et la duchesse, c’est avec la dauphine, pourtant sa cadette de vingt-cinq ans, mais aussi une étrangère comme elle, qu’Isabelle de Portugal semble avoir eu plus de liens d’affection. Retournons aux souvenirs d’Eléonore de Poitiers :
"J’ay ouy dire a madame ma mere qu’en sept semaines [25] que madame la duchesse Isabeau de Portugal fut devers le roy et la royne de France, oncques [jamais] elle ne disna ne souppa avec aucun des deux. Mais madame la dauphine venoit bien vers madame la duchesse, et là estoyent elles aucunefois deux ou trois jours sans se partir [se séparer]."
Puis Eléonore de Poitiers continue sur le service qui était réservé aux deux princesses :
"Et vit madame ma mere que l’on servoit madame la dauphine a couvert [ses plats étant couverts], et madame la duchesse de Bourgonggne point. Et quand madame la dauphine avoit lavé a tout deux bassins, l’on apportoit a laver à madame [la duchesse] a tout un bassin et une aiguiere sans faire essay. Et pareillement a la table quand elles lavoyent [les mains] ; mais, quand madame la duchesse avoit lavé a la table, on luy bailloit [donnait] la serviette et elle la prenoit par dessoubs ; et quand elle avoit essuyé, elle la bailloit de costé à son écuyer trenchant ou à un autre qui la prenoit. Et puis, au lever de la table, elle s’agenouilloit jusques en terre. Et, en toutes choses, madame la duchesse faisoit aussi grand honneur a madame la dauphine qu’elle faisoit à la royne."
(P. 174)
Eléonore de Poitiers ne nous a fait part que des circonstances dans lesquelles on tenait état, c’est-à-dire que l’on respectait le cérémonial. Malgré les négociations politiques, le séjour à Châlons-sur-Marne fut agrémenté de « joustes et aultres esbatemens », ainsi que le rappelle Mathieu d’Escouchy :
"Sy se faisoient très souvent joustes et aultres esbatemens dedens le marchié d’icelle ville, ausquelz se trouvoient de jour en jour plusuers grans seigneurs et aultres chevalliers et escuiers en moult noble arroy [équipage], bien parez de diverses couleurs et riches paremens, et tous desiroient de acquerre honneur et le pris, et louenge des dames. Et entre les aultres, y estoit souvent veu un gentil escuier de l’hostel du roy de France, nommé Loys de Bueil.
Et quant au comte de Saint-Pol et au seigneur de Chargny, ilz y estoient assez continuellement, en moult riches habillemens ; et y avoit grant bruit et renommée de toux ceulx qui les voyoient. Et samblablement le faisoient pluseurs aultres chevalliers et escuiers qui estoient aux roys dessusdis, et aultres seigneurs ; et s’efforchoit, ung chascun d’eulx journellement d’estre le plus richement habillié, à venir sur les rengs. Sy durerent ces esbatemens assez longue espace [26]."
En fait, selon l’auteur de la biographie de Jacques de Lalaing, la cour de France s’était fort ennuyée durant son séjour à Nancy. La présence de ce jeune écuyer, originaire du Hainaut et sujet du duc de Bourgogne, donna le goût de donner des joutes, divertissement qui était fort à la mode à la cour de Bourgogne. Ainsi,
"le comte du Maine et le comte de Saint-Pol se tirèrent à part et dirent l’un à l’autre : « Il convient que faisions aucune chose dont on sache à parler. Vous avez ouï raconter devant les dames comment, un chacun jour, toutes fêtes, tournois, danses et carolles se font en la cour du duc de Bourgogne, et vous voyez que nous, qui sommes en grand nombre en la cour du roi, ne faisons que dormir, boire et manger, sans nous exercer au métier d’armes, qui n’est pas bien séant à nous tous d’ainsi passer notre temps en wiseuse [oisiveté] [27]."
(P. 175)
C’est là que Jacques de Lalaing y acquis la gloire. Ainsi que l’indique son biographe, les fêtes ne firent que continuer de Nancy à Châlons-sur-Marne :
"Puis quand les jours furent passés, car il n’est fête qu’il ne convienne cesser, le roi, qui de bonne espace avoit été ès marches de Bar et de Lorraine, pour aucunes ses hautes affaires, se partit et alla vers Châlons en Champagne, ensemble et en sa compagnie, la reine de France, la reine de Sicile, monseigneur le dauphin, madame la dauphine, la duchesse d’Orléans, la duchesse de Calabre et autres hautes princesses et dames, et la plupart de ceux qui à la fête de Nancy avoient été. Et d’autre part y vinrent de France et de Champagne plusieurs autres chevaliers, dames et damoiselles ; parquoi la fête en commença plus grande que paravant à Nancy, et dura assez bon espace, tant de joutes qui se firent, comme d’autres plusieurs ébattements qu’un chacun jour s’y faisoient, où Jacquet de Lalain se gouverna si modérément, qu’au dessus de tous ceux qui y furent emporta le bruit et la renommée pour le mieux faisant [28]."
Ainsi que le prouvent ces extraits de chroniques, les jeux de l’amour faisaient partie de ces « ébattements ». Nous avons tous à l’esprit le célèbre vers de Gérard de Nerval, dans El Desdichado :
"Mon front est rouge encor du baiser de la Reine"
qui fait référence à la légende apocryphe du baiser donné à Alain Chartier par la dauphine Marguerite d’Écosse, qui s’expliqua en disant : « Je n’ay pas baisé l’homme, mais la precieuse bouche de laquelle sont yssuz et sortis tant de bons motz et vertueuses paroles [29]. » Alain Chartier était mort mort depuis quinze ans, mais la duchesse de Bourgogne avait un poète dans sa compagnie. Il s’agit de Jean Régnier, écuyer, seigneur de Guerchy et bailli d’Auxerre, qui composa alors une ballade « a la requeste de la royne de France…, de madame la daulphine et de madame de Calabre et de plusieurs autres, lesquelles dames estoient a Chaalons » :
Qui est celluy qui se sçauroit tenir
D’estre joyeulx et de soy abstenir (p. 176)
D’estre amoureux, sans joye et sans lyesse,
Voyans roynes hault estat soustenir,
La daulphine plaisamment maintenir,
De Bourgongne la trespuissant duchesse,
De Calabre la tresbelle princesse,
Avecques elles mainte chevaleresse,
De damoiselles chascune bien garnie ?
Entre telz gens n’auroit jamais tristesse
Car de doul[c]eur, de beaulté, de jeunesse
Oncques ne vy plus plaisant compaignie.
Qui a Chalons i eust voulu venir,
Toutes ces choses on eust veu advenir,
De chevaliers, d’escuyers grant noblesse
Qui tous rendoient a honneur parvenir,
Les grans destriers bien faisoient soustenir
A la jouste pour montrer leur proesse,
Chascun tendoit pour sa dame et maistresse
A rompre boys, lances par grant rudesse,
A fort jouster chascun prenoit envye,
Dont les aucuns cheoient a la renverse ;
Quant ilz cheent tantost on les redresse.
Oncques ne vy plus plaisant compaignie.
Quant de ces belles je ay le souvenir,
Le cueur, le corps me font rejouvenir,
Sans soucy suis, riens ne sens qui me blesse ;
Et leur servant leur plaisir moy retenir,
Jamais autre je ne vueil devenir,
Cat nuyt et jur d’y penser je n’y cesse.
Je leur fay veu et si leur fais promesse,
Maulgré Dangier, vueillë ou non Vieillesse,
A les servir tout le temps de ma vie ;
Amours le veulent, fait sera sans paresse.
Oncques ne vis plus plaisant compaignie.
Prince, le dieu d’Amours ne la deesse
Si n’ont riens fait de plus grande haultesse,
N’assemblee qui soit mieulx acomplie
De tout honneur et de toute richesse :
Heraulx crioient a haulte voix : « largesse » ;
Oncques ne vy plus plaisant compaignie [30].
(P. 177)
Jean Régnier rappelle donc que la présence de la cour, et surtout des deux reines de France et de Sicile, de la dauphine, des duchesses de Bourgogne et de Calabre, avec une nombreuse suite de jeunes femmes, a attiré grand nombre de chevaliers et d’écuyers qui voulaient montrer leur prouesse dans les joutes. Pour lui-même, voir tant de jeunesse est une fontaine de jouvence. Sa ballade n’est pas de la plus haute poésie, mais montre bien les liens qui s’étaient établis entre la reine Marie d’Anjou, la dauphine Marguerite d’Écosse, la duchesse de Bourgogne Isabelle de Portugal et la duchesse de Calabre Marie de Bourbon. D’autre part, on peut aussi relever que, par rapport à la ballade qu’il avait écrite quelques jours plus tôt à Reims, « a la requeste de madame de Bourgongne et de toutes ses dames et damoiselles », Jean Régnier est resté dans un registre plus élevé. En effet, à Reims, il a mis en scène des lavandières et le vers qui revient à la fin de chaque strophe est :
"Qu’il n’est ouvrage que de Reins [31]"
ce qui est jouer sur une triple équivoque, la toile de Reims, le linge qui sèche sur les « rains », rameaux des arbres, et l’acte sexuel, l’ouvrage des reins, le bas du dos.
On peut ajouter, sans grande crainte de se tromper, que ces « esbatemens » consistèrent aussi en danses, en musique et en poésie. Pour la danse, on a conservé par exemple le programme d’un ballet écrit par le comte d’Angoulême, qui eut lieu à Nancy et dans lequel dansaient la reine de Sicile, le duc de Bourbon, la duchesse de Calabre et la dauphine [32]. Pour la musique et la poésie, l’entourage de la dauphine a été récemment étudié. On y retrouve Marguerite de Salignac, Prégente de Melun, Jeanne Filleul et Jacqueline de Hacqueville qui doit être celle avec qui le compositeur Antoine Busnois entretint une relation amoureuse musicale vers 1461-1465. La dauphine, ayant hérité des dons de son père le roi Jacques Ier, aimait à écrire de la poésie, jusqu’à douze rondeaux par jour, tard dans la nuit. Mais tous ses papiers personnels furent détruits sur l’ordre de son mari après sa mort [33]. Rien ne nous interdit donc de penser que des joutes musicales pussent aussi avoir lieu à Châlons. Une dizaine d’années plus tôt, (p. 178) en février 1434, Philippe le Bon s’était rendu à Chambéry pour les noces de Louis de Savoie et d’Anne de Lusignan. Il avait emmené avec lui Gilles Binchois et les deux joueurs de bas instruments (luth et vielle) aveugles de la duchesse. Là Binchois put rencontrer Guillaume Dufaÿ, qui était alors au service du duc de Savoie Amédée VIII (ce qui est le sujet d’une célèbre miniature). Mais surtout Binchois et Dufaÿ furent étonnés par les mélodies des deux Espagnols [34]. Sans doute Juan de Cordeal et Juan Fernández, ainsi s’appelaient-ils, étaient-ils aussi présents à Châlons, puisqu’ils étaient toujours au service de la duchesse Isabelle de Portugal.
Honneurs, joutes, danses, musique, courtoisie. Tels étaient les aspects extérieurs de la vie des princesses lors des rencontres dont le but était avant tout politique, mais dans ce domaine, si l’on connaît bien le rôle d’Isabelle de Portugal, celui de la jeune dauphine n’avait pas encore eu le temps de se dessiner. Les feux de la fête commencèrent à diminuer avec le départ de la duchesse de Bourgogne, peu après le 15 juillet [35]. Un mois plus tard, le 16 août, la dauphine Marguerite d’Écosse sortait elle-même de la scène de ce monde. Laissons encore une fois la parole à Mathieu d’Escouchy :
"Durant lequel temps, et que le roy, la royne et aultres grans seigneurs [avoient là séjourné par trsè longue espace de temps] et que pluseurs haultes besoingnes y avoient esté traitiez, et, aveuc ce, qu’on y avoit fait pluseurs et somptueux festes et esbatemens, tant en jouxtes comme en autres joyeusetez, advint une fortune [infortune] de laquelle toutte la compaingnie generallement fut troublée et desplaisant ; car la daulphine, fille du roi d’Escosse, qui estoit de josne aage, belle et bien fourmée, et sellon la rellacion de pluseurs gens dignes de foy qui moult de fois l’avoient veue, estoit pourveue et ornée de touttes bonnes condicions que noble et haulte dame pooit avoir, prit maladie de laquelle elle ala de vie à mort en dedens aucuns peu de jours ensievant. Pour la mort de laquelle fut fait grant dueil de tous ceulx qui en avoient congnoissance et qui repparoient à la court et par especial le roy, la royne, et le daulphin, son mary, en eurent au cœur très grant tristesse ; sy fut portée et mise en terre en grant solempnité, en l’église de [Châlons] [36]."
(P. 179)
Une chanson fut composée à l’occasion de cet événement. C’est la dauphine elle-même qui parle et l’auteur est peut-être la sœur même de la dauphine, Isabelle, duchesse de Bretagne. C’est une chanson d’adieu au monde. Dans une des strophes, la dauphine dit adieu aux femmes qui lui ont été le plus proche :
Adieu, noble duchesse de Bretaigne
Dame Ysabeau o cueur courtois
Adieu, Catherine de France,
La comtesse de Charoloys.
Adieu, duchesse de Bourgoigne,
La mienne seur o cueur jolis ;
Si vous povez par nulle voye
Mettez paix en la fleur de lis [37].
À ce moment-là, Isabelle de Sousa n’était plus présente à Châlons et n’a pu ainsi renseigner sa fille sur le deuil de la dauphine à la cour de France.
Marguerite d’Écosse fait partie de cette théorie de délicates princesses mortes trop jeunes pour avoir pu jouer un rôle politique. L’Histoire s’en souvient alors grâce peut-être à un portrait (mais il ne semble pas que ce soit le cas avec la dauphine), plus encore à travers des pièces fugitives : une danse, un poème, une chanson.
Le site de l’éditeur de ce texte : Honoré Champion
Notes
[1] Grand Larousse encyclopédique en dix volumes, t. VI, Paris, 1962.
[2] Encore récemment J. Lemaire, Les visions (sic) de la vie de cour dans la littérature française de la fin du Moyen Âge , Bruxelles-Paris, 1994, p. 232.
[3] P. Anselme, Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France…, 3e éd., t. II, Paris, 1726, p. 185-212.
[4] Europaische Stammtafeln : Stammtafeln zur Gechichte der europaischen Staaten, nouv. éd., t. III-3 : Andere grosse europaische Familien — illegitime Nachkommen spanischer und portugeisischer Konighauser, éd. D. Schwennicke, Marburg, 1985, pl. 743 ; Portugal et Bourgogne au XVe siècle (1384-1482). Recueil de documents extraits des archives bourguignonnes, éd. J. Paviot, Lisbonne-Paris, 1995, p. 124.
[5] Inventaire des archives de la ville de Bruges. Section première : Inventaire des chartes, par G. Gilliodts – van Severen, t. IV, Bruges, 1876, p. 533.
[6] M. Sommé, « Les Portugais dans l’entourage de la duchesse de Bourgogne Isabelle de Portugal (1430-1471) », Revue du Nord, LXXVII (1995), p. 330-331.
[7] Lille, Arch. dép. du Nord, B 2061 [compte de la recette générale de toutes les finances du 1er octobre 1466 au 15 juin 1467], f° 141v°-142.
[8] J. van Acker, « De familie van Stavele (1298-1603) in de kasselrijen van Veurne en Kortrijk. Bijdrage tot de studie van de Vlaamse adel na 1300 », Koninklijke Geschied- en Oudheidkundige Kring van Kortrijk. Handelingen, nouv. série, t. LIV (1988), p. 85-95.
[9] J. van Acker, loc. cit., p. 81.
[10] Communication orale de M. Jacques Monfrin.
[11] F. I. Dunod de Charnage, Mémoires pour servir à l’histoire du comté de Bourgogne, Besançon, 1740, p. 744-783.
[12] M. de la Curne de Sainte-Palaye, Mémoires sur l’ancienne chevalerie, considérée comme un établissement politique et militaire, t. II, Paris, 1759, p. 169-267, le texte aux p. 183-267.
[13] Ms. fr. 14353.
[14] Fonds Chiflet, ms. 65.
[15] Pour l’Annuaire-Bulletin de l’année 1997 [Éléonore de Poitiers, Les États de France (Les Honneurs de la Cour) », nouvelle édition, in Annuaire-Bulletin de la Société de l’histoire de France, année 1996 (publié en 1998), p. 75-137].
[16] Mathieu d’Escouchy, Chronique, éd. G. du Fresne de Beaucourt, t. I, Paris, 1863, p. 40-51 ; t. III, Paris, 1864, p. 98-112 (Société de l’histoire de France) ; R. Vaughan, Philip the Good. The Apogee of Burgundy, Londres-Harlow, 1970, p. 116-120.
[17] Itinéraire d’Isabelle de Portugal, duchesse de Bourgogne et comtesse de Flandre, par la baronne Amaury de Lagrange (Annales du Comité flamand de France, t. XLII), Lille, 1938, p. 112.
[18] Jean de Bourbon, seigneur de Beaujeu, neveu du duc de Bourgogne.
[19] Mathieu d’Escouchy (t. I, p. 50) cite Gaston IV, comte de Foix, qui « très souvent accompagnoit ladicte duchesse de Bourgoingne en ses affaires » ; peut-être faut-il aussi ajouter Louis de Luxembourg, comte de Saint-Pol.
[20] Mathieu d’Escouchy (t. I, p. 45-46) mentionne Marie de Gueldres, sa petite-nièce par son mari, Jacqueline d’Ailly, comtesse d’Étampes, Adolphe de Clèves, seigneur de Ravestein, neveu du duc de Bourgogne, Pierre de Bauffremont, seigneur de Charny, Jean, seigneur de Créquy, Dreux, seigneur de Humières, et Guillaume Le Jeune, seigneur de Contay.
[21] Op. cit., p. 44-45.
[22] Jeanne d’Harcourt, qui était attachée à Isabelle de Portugal.
[23] Marie d’Anjou avait quarante ans, et Isabelle de Portugal quarante-huit.
[24] Olivier de la Marche, Mémoires, éd. H. Beaune et J. d’Arbaumont, t. II, Paris, p. 54-55 (Société de l’histoire de France).
[25] De la mi-mai à la mi-juillet 1445.
[26] Op. cit., p. 50.
[27] Chronique du bon chevalier messire Jacques de Lalain…, par messire Georges Chastelain, éd. J. A. C. Buchon, Panthéon littéraire. Littérature française. Histoire [IX]. Choix de chroniques et mémoires sur l’histoire de France. XVe siècle, Paris, 1836, p. 615, col. b.
[28] Op. cit., p. 625-626.
[29] The Poetical Works of Alain Chartier, éd. J. C. Laidlaw, Cambridge, 1974, p. 13.
[30] Jean Regnier, Les Fortunes et adverstitez, éd. E. Droz , Paris, 1923, p. 209-210 (Société des anciens textes français).
[31] Ibidem, p. 211-212.
[32] Publié dans Chronique de la Pucelle, ou Chronique de Cousinot, éd. Vallet de Viriville, Paris, 1859 (réimpr. Genève, 1976), p. 99-103.
[33] P. Higgins, « Parisian Nobles, A Scottish Princess and the Women’s Voice in Late Medieval song », Early Music History, 10 (1991), p. 145-200.
[34] Portugal et Bourgogne au XVe siècle, p. 97.
[35] Itinéraire cité, p. 113.
[36] Op. cit., p. 67-68.
[37] « Chansons historiques et populaires du quinzième siècle rares ou inédites », éd. Vallet de Viriville, Revue des sociétés savantes, III (1857), p. 715.