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La souveraineté ancrée dans le corps 

Marion Lemaignan

Lemaignan, Marion, « La souveraineté ancrée dans le corps », L’Atelier du Centre de recherches historiques, 11, 2013

Résumé de l’article

Cet article vise à étudier l’articulation entre genre et souveraineté mobilisée dans de nombreux portraits scripturaires insérés dans des pamphlets – principalement français – publiés suite à l’abdication de Christine de Suède en 1654. Ces textes mettent en scène le caractère éminemment politique du corps naturel de la reine. Si le sexe de Christine n’y est jamais remis en question, la définition de son genre – défini par une très grande labilité – fait en revanche l’objet des portraits. En effet, si l’ambiguïté de genre préexiste à l’abdication, ce n’est que lors de la transition d’un état politique à l’autre qu’elle est dénoncée.
L’événement de l’abdication bouleverse l’équilibre entre genre et fonction royale, la perte de la fonction entraînant une indispensable redéfinition du genre. On voit alors apparaître ce qui serait un « tiers genre » purement politique, défini par l’exercice du pouvoir royal et qui ne peut exister que dans ce contexte. Hors du pouvoir, ce genre n’existe plus et le corps de Christine dans ses aspects sexués et genrés devient le lieu de dénonciation – et d’énonciation – d’une nouvelle identité à définir.
Ces portraits montrent donc les difficultés d’appréhension que suscitent la souveraineté et l’identité de Christine de Suède après l’abdication, et le genre apparaît non seulement comme une catégorie politique à même de dépasser le clivage homme/femme dans l’exercice du pouvoir, mais également comme catégorie politique qui permet d’exprimer les incertitudes inhérentes à la posture de Christine de Suède sur la scène européenne. On montre ainsi combien ces portraits mobilisent la flexibilité des frontières du corps et du genre à des fins politiques.

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