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9 sept. 2020, Bordeaux : Autorité(s) et transmission

S’inscrivant dans le sillage des réflexions menées au sein de son équipe d’accueil, la dixième journée des doctorants d’Ameriber (Université Bordeaux Montaigne) invitera les participants à s’interroger sur la notion d’autorité et sur son rapport à la transmission dans une période allant du Moyen Âge à nos jours.

Entendue au sens large, l’autorité se définit comme le « pouvoir d’agir sur autrui » (Trésor de la langue française) et se manifeste dans de nombreux domaines (politique, littéraire, artistique, juridique, scientifique, philosophique...) Étymologiquement liée à l’idée de fondation, elle renvoie en premier lieu à la notion de création. D’une part, ce qui distingue l’auteur du copiste, de l’imitateur ou du constructeur, c’est bien la nouveauté qu’il insuffle à un énoncé. D’autre part, de l’initium augustinien aux « fondateurs de discursivité » de Michel Foucault (1969), celui qui détient l’autorité ouvre un dialogue en offrant à ses successeurs la possibilité de (re‑)créer à l’infini et de s’ériger, à leur tour, en autorité.

L’autorité repose, selon Hannah Arendt (1972), sur une hiérarchie « dont chacun connaît la justesse et la légitimité ». Pour acquérir l’adhésion préalable et indispensable de ceux qui s’y soumettront, le candidat à l’autorité doit convaincre de la légitimité, de la recevabilité, de la fiabilité de son propos. Le discours est ainsi bien souvent le lieu où se construisent et se cultivent de nombreuses formes de l’autorité. Celui qui la convoite peut tenter de s’affranchir de ses prédécesseurs, de rompre avec les modèles et les codes traditionnels pour affirmer sa liberté et garantir sa crédibilité. Il peut, au contraire, chercher à s’inscrire sous le patronage des autorités (des auctoritates médiévales aux bibliographies modernes) pour bénéficier de leur protection. L’autorité apparaît ainsi comme une dynamique qui oscille entre rupture et continuité, création et préservation, acquisition et concession.

L’histoire culturelle de l’autorité est par ailleurs « ponctuée - sinon « conditionnée » - par les grandes mutations technologiques et culturelles » (Gérard Leclerc, 1996). Aujourd’hui, la « crise » de l’autorité (Hannah Arendt, 1972) est effectivement perpétuée et cultivée par la révolution numérique, la globalisation, la sécularisation, le « progrès » en général. L’autorité immanente est finalement mise à mal et adopte une certaine plasticité : la « mort de l’auteur » (Roland Barthes, 1968) et le potentiel créateur concédé au récepteur (dans Rayuela de Julio Cortázar par exemple), la récupération d’objets ou d’énoncés préexistants (comme les ready-made de Marcel Duchamp) ou, récemment, les nouvelles formes de contestation politique telles que les « Indignés » ou « Nuit debout » sont révélateurs des tentatives de redéfinition de différentes formes d’autorité.

La journée d’étude entend donc réfléchir, dans une perspective diachronique et interdisciplinaire, sur l’autorité considérée à la fois comme condition et comme objet de la transmission. Parce qu’elle offre un reflet de la société dans laquelle elle se manifeste, nous tenterons de saisir la dynamique de l’autorité, ses formes, ses effets et ses limites. Nous interrogerons les mécanismes et les stratégies par lesquels s’acquiert, voire se construit, l’autorité et chercherons à saisir son rôle ainsi que celui de sa transmission dans des aires culturelles et géographiques variées.

Modalités de soumission

La journée d’étude se tiendra le 3 décembre 2020 à l’Université Bordeaux Montaigne et les interventions seront limitées à 20 minutes.

Les propositions de communication prendront la forme d’un résumé de 400 mots maximum, titre compris.

Accompagnées d’une notice bio‑bibliographique, elles seront à faire parvenir avant le 9 septembre 2020 aux adresses suivantes : laure.beltran chez u-bordeaux-montaigne.fr et marthe.czerbakoff chez u-bordeaux-montaigne.fr

Comité en charge de la sélection des propositions de contribution
Laure Beltran (Ameriber, Université Bordeaux Montaigne)
Marthe Czerbakoff (Ameriber, Université Bordeaux Montaigne)
Bibliographie indicative
Hannah Arendt, La crise de la culture, Paris : Folio‑Gallimard, 1972.

Emmanuel Bouju (dir.), L’autorité en littérature, Nouvelle édition [en ligne], Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2010, disponible sur internet : https://books.openedition.org/pur/40513.

Frédéric Bravo (dir.), L’argument d’autorité, Saint‑Étienne : Presses Universitaires de Saint‑Étienne, 2014.

Michel Foucault, « Qu’est-ce qu’un auteur ? », in : Dits et écrits. 1954-1988, tome 1, Paris : Gallimard, 1994, p. 789-821.

Gérard Leclerc, Histoire de l’autorité. L’assignation des énoncés culturels et la généalogie de la croyance, Paris : Presses Universitaires de France, 1996.

Corinne Mencé‑Caster, Un roi en quête d’auteurité. Alphonse X et l’Histoire d’Espagne (Castille, XIIIe siècle), Paris : Les Livres d’e-Spania, 2011.

Christine Silvi, Science médiévale et vérité. Étude linguistique de l’expression du vrai dans le discours scientifique en langue vulgaire, Paris : Éditions Champion, 2003.

LIEUX
Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine - Université Bordeaux Montaigne
Bordeaux, France (33)

CONTACTS
Marthe Czerbakoff
courriel : marthe [dot] czerbakoff [at] u-bordeaux-montaigne [dot] fr
Laure Beltran
courriel : laure [dot] beltran [at] u-bordeaux-montaigne [dot] fr