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La monarchie ecclésiale. Le clergé de cour en France à l’époque moderne

Benoist Pierre

Benoist Pierre, La monarchie ecclésiale. Le clergé de cour en France à l’époque moderne, Champ Vallon, 2013, ISBN 978.2.87673.883.6, 29 euros

Au cours de son histoire, le clergé de cour, véritable Église dans l’Église, a été la cible de constantes critiques qui visaient surtout à disqualifier le statut et la piété de ces hommes proches du pouvoir et notamment des plus éminents d’entre eux, les prélats de cour. Il s’agissait par-là de leur faire perdre le capital social et symbolique qu’ils avaient acquis en revêtant l’habit ecclésiastique. Accusés de se parer du manteau de la religion pour arriver à leurs fins, ils étaient affublés de tous les maux, de tous les péchés, de toutes les hétérodoxies.

Ce livre analyse la fabrique de ces poncifs longtemps repris par les historiens, pour les écarter et comprendre la place, l’organisation et la fonction de cette Église curiale dans le système politico-religieux de l’Ancien Régime. Il propose un examen synchronique et diachronique du phénomène, pour la première fois étudié de façon synthétique et problématique. L’ouvrage se place dans la perspective du temps long, à partir du cas français où le projet d’une monarchie ecclésiale s’est posé avec une particulière acuité : il envisage le clergé aulique de son avènement, à la fin du Moyen Âge, jusqu’à sa profonde mutation et son lent déclin, consécutifs au Grand Siècle louis-quatorzien.

Pourquoi pendant plusieurs siècles, l’État dit « moderne » et les princes ont-ils éprouvé le besoin de fonder leur autorité sur l’Église pour se construire et s’affirmer ? En quoi, à l’inverse, cette insertion aulique du clergé a-t-elle contribué à servir les intérêts ecclésiaux, quitte à en transformer non pas tant les objectifs de christianisation de la société et du monde, que les moyens d’y parvenir ? Telles sont les questions que pose ce livre et auxquelles l’auteur se propose de répondre à travers une nouvelle grille de lecture et d’interprétation de l’agencement du politique et du religieux à l’époque moderne. Ce faisant, il réexamine des concepts comme ceux de sécularisation, de confessionnalisation, de religion royale, d’engagement politique ou de sacerdoce public qui font débat chez les historiens et plus généralement dans le champ des sciences humaines et sociales.