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La littéracie des femmes à la fin du Moyen Âge. Questions sur l’histoire de la culture, de la lecture et de l’écriture à travers des travaux récents 

Sylvie Duval

Sylvie Duval, « La littéracie des femmes à la fin du Moyen Âge. Questions sur l’histoire de la culture, de la lecture et de l’écriture à travers des travaux récents », Médiévales, 75, automne 2018.

Extrait de l’article

Le mot littéracie est un anglicisme dont l’emploi est devenu fréquent dans les sciences humaines. Traduisible par « alphabétisation », mais aussi plus largement par « connaissance des lettres », il se réfère, pour les chercheurs, à une conception ouverte et dynamique de l’approche de l’écrit, depuis la simple capacité à déchiffrer quelques mots jusqu’à la possibilité de composer et de rédiger entièrement un texte complexe, voire à le faire en plusieurs langues. La diffusion de l’usage de ce mot et du concept qu’il recoupe, forgé par les chercheurs anglo-américains dans les années 1970, reflète les évolutions récentes à propos de la façon dont on envisage la capacité à lire et à écrire de populations données, et surtout le besoin de dépasser une vision trop rigide et limitée de cette capacité (être alphabétisé ou ne pas l’être). L’histoire médiévale participe activement de ce renouvellement épistémologique. Il existe une tradition déjà longue, chez les médiévistes, de l’histoire des « pratiques de l’écrit », liée à des questions propres à leur période d’étude : celle des rapports entre oralité et scripturalité et des usages respectifs du latin et des langues vernaculaires, celle de l’émergence d’une ou de plusieurs littérature(s) européennes, celle, enfin, d’une différence entre un savoir clérical et savant et un savoir « laïc ». Ces questions transversales trouvent aujourd’hui de nouvelles interprétations grâce à l’idée de littéracie, dont l’association avec le concept du genre est susceptible d’ouvrir de nouvelles perspectives de recherches.

En 1939, James Westphall Thompson assimilait, dans son ouvrage intitulé The Literacy of the Laity in the Middle Ages, les lettrés médiévaux aux personnes capables de lire et de comprendre le latin, suivant ainsi la définition médiévale du clericus litteratus.

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