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Un lieu de pouvoir en crise de légitimité ? La Cour d’Angleterre au XVIIe siècle

Jean-Louis Quantin

Quantin, Jean-Louis. Un lieu de pouvoir en crise de légitimité ? La Cour d’Angleterre au XVIIe siècle, Cahiers Saint-Simon, n° 24, 1996. Frontières de la Cour, p. 29-50.

Extrait de l’article

David Starkey a écrit que les funérailles de la Cour d’Angleterre pouvaient être datées de 1837, à l’avènement de Victoria, lorsque les Communes éclatèrent de rire à l’annonce que la fonction de Groom of the Stool, gentilhomme de la chaise percée, ne serait pas pourvue. Mais avant même cet enterrement officiel, un autre, littéraire celui-là, avait déjà eu lieu, avec la parution et le triomphe de Waverley de Walter Scott en 1814. Après les émotions éprouvées par les personnages et le lecteur à la bataille de Prestonpans, en septembre 1745, un intermède comique met en scène le ridicule et touchant baron de Bradwardine, qui insiste pour faire valoir son titre ancestral à ôter les bottes du roi (c’est-à-dire, en fait, à accomplir la cérémonie qui se pratiquait alors à la Cour de France sous le nom de débotté), alors qu’il paraît aberrant « qu’un service domestique soit rempli, fût-ce de manière symbolique » par quelqu’un qui vient de montrer sa vaillance au combat. Or c’est bien, au contraire, la compatibilité du service domestique et du service public, mieux, leur inscription dans le prolongement l’un de l’autre qui avait permis le développement de la Cour d’Angleterre comme lieu de pouvoir : par leur rapport intime à la personne physique du monarque, les membres de sa chambre étaient officiellement à même de symboliser sa souveraineté. Le corps royal devint alors « un instrument essentiel de gouvernement politique » : le roi exerçait et communiquait son pouvoir selon les formes qu’il imposait pour l’accès à sa personne physique, selon la manière dont il avançait ou retirait son propre corps, selon, en un mot, qu’il organisait sa Cour autour du principe de distance ou du principe d’intimité.

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