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La mort de Louis XIV : un événement pour la littérature ? 

Emmanuel Bury

BURY Emmanuel, « La mort de Louis XIV : un événement pour la littérature ? », Dix-septième siècle, 2015/4 (n° 269), p. 589-598.

Extrait de l’article

Il ne s’éleva guère de grands génies depuis les beaux jours de ces artistes illustres ; et à peu près vers le temps de la mort de Louis XIV, la nature sembla se reposer.

Pour les historiens de la littérature française, la date de 1715 a été depuis longtemps comprise et utilisée comme celle d’une césure importante dans l’évolution des genres, des formes et des œuvres, d’autant plus que la tradition pédagogique qui concentre le XVIIe siècle sur l’apogée du « classicisme » tend à lier étroitement ce « moment » de la littérature au règne de Louis XIV. On pourrait arguer que cette tradition remonte au geste inaugural de Charles Perrault qui plaçait la littérature et les arts de son siècle sous le signe de « Louis le Grand », dans le fameux poème qu’il fit lire à l’Académie française le 27 janvier 1687, geste repris par Voltaire, dans son Siècle de Louis XIV (1751), qui conclut son tour d’horizon des principaux écrivains du xviiesiècle par le constat cité à l’instant en épigraphe. Au XIXe siècle, l’histoire littéraire qui va consacrer le « classicisme » comme le moment clé de notre littérature nationale, n’a fait que reprendre cette perspective, quitte à mener le « Grand Siècle » quinze ans au-delà de la limite strictement séculaire, avec une certaine tendance à centrer l’attention sur la seconde moitié du siècle – les années du règne personnel de Louis XIV – aux dépens des règnes de Henri IV et de Louis XIII ; il a fallu attendre l’usage de la notion de « baroque », à partir des années 1950, pour remettre à l’honneur les auteurs que Lanson considérait encore comme des « attardés et égarés ». De fait, même si la physionomie du XVIIe siècle littéraire français a connu des réajustements et des rééquilibrages grâce aux apports de la critique plus récente, il semble que 1715 demeure un point fixe dans le paysage, fût-il redessiné à l’aide de nouvelles notions critiques.

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