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Pouvoir royal et commentaires de la Bible (1150-1350)

Philippe Buc

Philippe Buc, "Pouvoir royal et commentaires de la Bible (1150-1350)", dans Annales, année 1989, volume 44, numéro 3, p. 691 - 713.

Extrait de l’article

Comment l’exégèse a-t-elle envisagé le pouvoir royal ? Cette vision a-t-elle évolué au fil du temps ? La langue d’un Miroir des Princes n’est pas immédiatement scripturaire ; le vocabulaire biblique est en premier lieu déformé par le prisme du commentaire. En dégageant les modes de fonctionnement du discours exégétique sur le pouvoir royal, nous voudrions suggérer un certain nombre de constantes et de transformations des conceptions politiques entre le douzième et le quatorzième siècle.

Nous replacerons d’abord le pouvoir royal dans son cadre herméneutique, c’est-à-dire aux côtés du pouvoir royal du Christ, du pouvoir de l’évêque, et du gouvernement des passions par le juste. Il nous faudra pour cela dégager le champ des significations du mot roi dans l’exégèse.

Nous examinerons en second lieu comment, étant donné l’équilibre que prônent les commentateurs entre Justice et Miséricorde, une partie de l’opinion cléricale justifie l’aspect violent de la puissance du prince. Ce qui nous amènera à poser la question du rapport entre ce roi irascible, dispensateur des châtiments, et la raison qui doit régir l’âme.

Ces deux problèmes feront apparaître une promotion progressive de la royauté terrestre. Nous suggérerons également comment l’herméneutique médiévale a pu fournir des cadres pour penser l’État. Ce mouvement culmine avec Nicolas de Lyre ( + 1349). Nous montrerons en conclusion comment son exégèse réussit à se dégager de la tradition antérieure pour proposer une lecture de la Bible à la fois monarchiste et politiquement réaliste.

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