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Introduction. La Cour, objet d’histoires

Thibaut Trétout

Trétout, Thibaut, "Introduction. La Cour, objet d’histoires", Hypothèses 1/2009 (12), p. 17-26

Résumé de l’article

La légitimation de l’objet « cour » dans le champ historiographique est étroitement liée à l’œuvre d’un sociologue. C’est à Norbert Elias, en effet, qu’il revient d’avoir opéré, dans La société de cour, la rupture épistémologique rendant possible et scientifiquement recevable une sociologie de cette formation. Elias désigne par ce terme toute configuration résultant, à une époque et en un lieu donnés, de l’agencement singulier des relations d’interdépendance entre les hommes : dans le cas précis de la cour, il s’emploie à montrer qu’elle occupe dans le système de domination monarchique une place privilégiée, et joue un rôle matriciel dans l’intériorisation des contraintes qu’impose à ses membres la vie en société. Il y a donc de bonnes raisons pour que l’auteur de La société de cour soit regardé comme le père fondateur des études curiales, avec le risque cependant de voir ériger en quasi-orthodoxie la vulgate éliasienne. Au cœur des questions qui portent sur la cour comme pouvoir et comme institution, son œuvre définit un schéma analytique dont il faut certes rappeler la cohérence, mais également les limites, que s’emploie à cerner depuis de nombreuses années une historiographie attentive à renouveler le champ des études curiales tant par la diversification de ses objets que par la redéfinition de ses postulats méthodologiques ou épistémologiques. L’occasion, peut-être, de renverser les termes de « Sociologie et histoire », avant-propos théorique à La société de cour, et de proposer une relecture du phénomène curial qui, notamment, joigne à la dimension sociologique privilégiée par son auteur, la dimension archivistique au cœur du travail de l’historien.

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