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Une reine entre ombres et lumières ou le pouvoir au féminin : le cas d’Isabelle Bourbon, reine d’Espagne, première femme de Philippe IV (1603-1644)

Frédérique Sicard

Frédérique Sicard, « Une reine entre ombres et lumières ou le pouvoir au féminin : le cas d’Isabelle Bourbon, reine d’Espagne, première femme de Philippe IV (1603-1644) », Genre & Histoire [En ligne], n°4 | Printemps 2009, mis en ligne le 01 septembre 2009.

Extrait de l’article

Les relations entre genre et pouvoir à l’âge moderne sont marquées du sceau de l’ambigüité : les femmes, à de très rares exceptions près, n’ont pas le droit d’exercer un rôle politique ou une charge officielle ayant trait à la politique, leur influence ne peut donc exister que dans la sphère de l’indirect, de l’officieux. La notion même de pouvoir est très étroitement liée à celles d’influence et d’action. Avoir du pouvoir signifie en avoir les capacités et les moyens, à cause de circonstances extérieures, et/ou grâce à ses propres qualités. L’exercice du pouvoir passe par la reconnaissance du statut de celui qui l’exerce par les autres, ce qui est le cas du roi sous l’Ancien Régime. Le roi possède le droit de gouverner, dans un ordre social qui considère que ce pouvoir est voulu par Dieu. Au XVIIème siècle, la répartition de l’ordre social impose que l’exercice du pouvoir ne puisse être assuré que par un homme. L’historiographie conçoit que « l’homme ait du pouvoir » et que « la femme ait de l’influence ». Or l’étude de certaines figures féminines permet de faire ressortir que cette influence était aussi une sorte de pouvoir.

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La reine Isabelle de Bourbon, née princesse de France devient reine d’Espagne par son mariage avec l’infant Philippe en 1615. Elle n’échappe pas à ce paradoxe : parmi tous les rois et reines d’Espagne et d’Europe, elle reste relativement ignorée, comme toutes celles qui n’ont pas assumé de Régence propre pendant les périodes de minorité ou qui n’ont pas hérité en bien propre de la couronne. Pourtant elle est reine d’Espagne pendant la guerre de Trente Ans (1618-1648), alors que se jouent la domination de l’Europe et du monde entre les deux puissances du moment qui s’affrontent : les Habsbourg et la France. Cette reine est donc au cœur des enjeux géopolitiques du XVIIème siècle. Elle représente pourtant le sommet d’un réseau de femmes et de religieux déjà très organisé au Siècle d’Or, par association d’intérêts ou d’idées.

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