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Le fantôme de Nostradamus à Versailles

John T. O'Connor, Christophe Blanquie

O’Connor, John T., Blanquie, Christophe. Le fantôme de Nostradamus à Versailles, Cahiers Saint-Simon, n° 26, 1998. Ecrivains lecteurs des Mémoires p. 88-98.

Extrait de l’article

L’auteur de ce conte bref et énigmatique, Philippe de Gentils, marquis de Langalerie (1661-1717), accéda rapidement à la célébrité en Europe durant le premier quart du XVIIIe siècle. Bravoure et talent de l’officier, relations familiales, protection par la puissante Mme de Maintenon, tout conspirait pour que Langalerie accédât au grade de lieutenant général dans l’armée de Louis XIV durant la guerre de succession d’Espagne. Servant en Italie en 1706, il fit le choix le plus décisif de sa vie : furieux que le secrétaire d’État à la guerre, Chamillart, l’accusât de gaspiller impudemment, quand il ne les détournait pas, les fonds destinés aux armées, Langalerie déserta et passa à l’ennemi. Demeuré en Italie, mais en qualité de général des armées impériales, il fut condamné par contumace et son effigie brûlée à Paris.

Peu d’années après, Langalerie quitta l’armée impériale à la suite d’une querelle avec son commandant en chef, le prince Eugène de Savoie. Il parcourut ensuite l’Europe du nord à la recherche d’un engagement, à la manière d’un condottiere. Au hasard de ses pérégrinations, il rencontra et épousa une huguenote dont les convictions calvinistes déclenchèrent chez Langalerie une forme de crise spirituelle. Après avoir lu nombre d’ouvrages historiques et religieux, y compris les œuvres apocalyptiques de Pierre Jurieu, il se convertit au calvinisme en 1711, à Francfort-sur-’Oder, et bientôt après publia aux Provinces Unies un récit de son abjuration du catholicisme et de sa renaissance spirituelle.

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